Marine Alari, fondatrice de Mother Work Community répond à nos questions
A l’occasion de la fête des mères, on a interviewé une mère et entrepreneure, qui oeuvre quotidiennement pour un meilleur confort dans la vie des mamans. Elle a fondé Mother Work Community, un lieu de vie comprenant notamment un espace de coworking et un accueil de jeunes enfants, dédié aux mamans entrepreneures. C’est également un réseau engagé et solidaire.
Peux-tu te présenter ?
Je suis Marine, j’ai 35 ans et je suis originaire de Toulouse. J’ai vécu 1 an aux Pays-Bas et 7 ans à Lille. J’ai travaillé 8 ans en cabinet d’audit et en finance d’entreprise.
Je suis à mon compte depuis septembre 2019 et je vis à Bordeaux avec ma famille. En couple avec un entrepreneur, nous avons un petit garçon de 3 ans. Je pratique le yoga et j’écoute beaucoup de podcasts. Très dynamique, je suis passionnée à l’idée de mener des projets.
Je suis également membre active et trésorière de l’association Les Entrepreneures Bienveillantes, un réseau professionnel de femmes entrepreneures.
Peux-tu nous présenter le principe de Mother Work Community ?
C’est avant tout, une communauté de mères entrepreneures qui échangent, partagent des moments conviviaux et qui mettent en place des synergies professionnelles.
Et pour aller plus loin, dans l’animation de ce réseau et l’accompagnement des femmes, puisque j’en accompagne certaines, l’idée de créer un lieu de vie en vue de leur offrir un double accompagnement à la maternité et à l’entrepreneuriat est née.
Comment est arrivée l’idée du coworking ?
L’idée vient de mon vécu personnel. Lorsque nous avons emménagé à Bordeaux avec ma famille, je me suis lancée à mon compte en tant que consultante financière et je me suis retrouvée sans moyen de garde pour mon fils. Mon conjoint était en déplacement entre trois et quatre jours par semaine entre Lille et Paris, c’était donc très difficile voire impossible pour moi de concilier mon travail et d’être avec mon enfant. J’étais sans cesse tirailler entre la satisfaction de mes clients et profiter de mon enfant.
Qu’est-ce qui t’as motivé à te lancer ?
Ce qui m’a motivé c’est de rencontrer d’autres mamans entrepreneures qui éprouvaient les mêmes difficultés que moi, à savoir : travailler sur leurs activités et concilier leur vie de famille.
J’ai donc décidé d’ouvrir un lieu qui permettrait à toutes ces femmes qui se trouvent dans la même situation que la mienne de pouvoir rencontrer d’autres femmes, travailler et surtout, confier leurs enfants en toute sérénité et à proximité.
Est-ce parti d’un constat global ou d’une expérience personnelle ?
Les deux et c’est vrai que j’ai toujours voulu entreprendre et porter un projet. Ces rencontres avec ces femmes m’ont vraiment marqué et donné l’envie de créer ce lieu de vie à Bordeaux
Comment va fonctionner ce coworking ?
Les jeunes mamans (et papas) entrepreneures viendront coworker et confier leurs enfants sur un même lieu de vie. La place en coworking est adossée à la place en crèche.
Il est possible de venir à temps plein ou au forfait en fonction des besoins de la famille et de l’enfant, ainsi que du rythme de travail souhaité par la mère.
Quelles vont être les spécificités ?
Elles sont diverses. Des pique-niques et autres évènements seront organisés entre l’accueil de jeunes et le coworking.
Aussi, je tiens profondément à former un réseau de mamans entrepreneures, à l’écoute et qui partagent des moments pro et perso.
Petit plus : un réseau de mentorat d’entrepreneurs mixtes sera à disposition pour guider les personnes souhaitant un retour d’expériences sur certains sujets.
Enfin, une piscine et un boulodrome seront également accessibles aux coworkers !
Et les pères peuvent-ils aussi accéder à cet espace ?
Bien sûr ! Les papas pourront accéder à cet espace et d’ailleurs, deux papas entrepreneurs rejoignent l’aventure avec leurs enfants.
Quel est le plus gros challenge des parents qui travaillent avec un nouveau-né ?
Je dirais que c’est de s’adapter en fonction du rythme de l’enfant et également, de son propre rythme en tant que parents. C’est important de prendre en compte les deux surtout la première année où l’enfant peut être souvent malade (surtout si c’est l’hiver !) et le parent très fatigué…
Le rythme de travail lié à son activité, les changements et la croissance du nouveau-né, la logistique qui change au sein de la famille, demandent une forte adaptabilité.
Y a t il des métiers, selon-vous, plus pénalisant que d’autres lorsque l’on devient mère ?
Il n’y a pas de métiers qui pénalisent plus que d’autres ; Je dirais qu’à partir du moment où la mère trouve son rythme et qu’il est respecté notamment par son employeur, alors elle trouve son équilibre. Peu importe, le métier à partir du moment où cela correspond aux choix pris par la famille.
Quels sont les plus grands freins que rencontrent les couples avec enfant dans le monde du travail ? Puis plus spécifiquement pour la mère ?
Selon moi, les plus grands freins que peuvent rencontrer les couples avec enfants dans le monde du travail actuel sont divers et dépendant de la situation professionnelle des parents.
Lorsqu’un nouveau-né arrive au sein d’une famille, une certaine logistique et une organisation sont mis en place, mais si l’employeur n’accompagne pas ces collaborateurs alors ça complexifie davantage la situation des parents.
Le rythme des accueils de jeunes enfants et même des écoles n’est pas du tout adapté au rythme professionnel. Je dirais même qu’il est totalement déconnecté du monde du travail. Un parent doit s’adapter et trouver des solutions de garde pour les jours où son enfant est malade, les mercredis, les fins de journée si l’école termine à 16h, etc., pour justement concilier vie personnelle et professionnelle. Heureusement, avec la Covid, le télétravail s’est accéléré permettant à certaines familles de mieux s’adapter. Cependant, télé-travailler avec ses enfants n’est pas non plus la solution. Il a été même constaté pendant cette période que les femmes ont davantage repoussé leur projet entrepreneurial pour s’occuper des enfants…
La maternité est encore trop souvent perçue comme un frein à une carrière professionnelle. Ce qui peut pénaliser les mamans et donc, ralentir leur ascension professionnelle et, parfois même elles se sentent obligées de mettre un terme au poste qu’elle occupe après leur retour de congé maternité… C’est d’ailleurs, la raison pour laquelle, il y a près de neuf femmes sur dix qui changent de carrière professionnelle après une maternité (sondage BNP). Les femmes subissent encore trop d’inégalités dans le monde du travail liées à leur genre et leur maternité.
Quelles sont les compétences personnelles que toute mère se voit acquérir à l’arrivée d’un enfant ?
À l’arrivée d’un enfant, les mères et d’ailleurs, aussi les pères, doivent faire preuve d’adaptabilité, de résilience, de flexibilité et également de beaucoup de patience.
J’ajouterais, du fait de mon expérience personnelle, qu’avoir un enfant, nous permet de développer d’autres méthodes de communication, qui peuvent être plus positives, bienveillantes et parfois, basées sur la négociation ! ☺
Quel est le conseil que vous aimeriez partager à tous les jeunes parents qui accueillent un nouveau membre dans leur famille ?
Ce serait de se faire confiance et surtout de s’écouter, d’avoir confiance en son intuition parce-que seul le parent connaît le mieux son enfant.
Un livre ou un podcast à conseiller à des parents entrepreneurs ?
Aujourd’hui, il y a beaucoup de livres et de podcasts pour les jeunes parents entrepreneurs, ce qui est génial ! Pour ma part, le livre qui m’a bien aidé sur la gestion de mon temps, c’est celui de Fabien Olicard sur la gestion du temps.
Quels outils (digitaux ou non) sont indispensables pour gérer sa vie de mère entrepreneure ?
Chacun utilise les outils avec lesquels il se sent le plus à l’aide. Pour ma part, j’aime beaucoup utiliser les fonctionnalités de Google (drive, agenda, forms, keep pour les courses). J’utilise également Canva pour mes supports de communication. Et je suis fan d’Excel pour tout ce qui est suivi et budget !
Le mot #fair de la fin : En un mot, qu’est-ce qu’un monde du travail plus juste selon toi ?
Ce serait de décloisonner davantage la sphère personnelle de la sphère du monde du travail. Nous ne vivons pas pour le boulot ou pour sa famille ou pour ses passions ou pour ses enfants.
Ça parait évident mais je ne laisse pas mon entreprise sur le palier de ma porte. Elle fait partie de moi et elle est également, nourrie par mes valeurs et la personne que je suis.
Un monde du travail plus juste serait de considérer la personne que l’on emploie comme un individu en prenant en compte toutes ces sphères et d’arrêter de le considérer uniquement comme un salarié. Et cela devrait être la même chose pour les chefs d’entreprise. L’étiquette du « chef d’entreprise » ne colle pas non plus à tout le monde.
