Le modèle hybride : la tendance du travail post-confinement ?
Depuis un peu plus d’un an, le monde du travail s’est trouvé bouleversé. Le télétravail s’est vite imposé comme une obligation, avec tout ce que cela entraîne comme changements dans les habitudes de travail : les visioconférences à longueur de journée, l’adaptation des horaires pour concilier vie pro/perso, l’aménagement d’un espace de travail chez soi…
Début juin, une nouvelle étape du déconfinement autorise le retour au bureau quelques jours par semaine pour les salariés jusqu’ici en télétravail complet.
Les directives changent, mais qu’en est-il des avis des français et françaises ? Ont-ils envie de retrouver le même rythme que l’avant Covid ?
La réponse est globalement non ! Mais alors quel schéma se dessine ?
Sept salariés sur dix pensent qu’un retour en présentiel est “nécessaire pour la cohésion des équipes”, mais la moitié des télétravailleurs ne veulent pas revenir au bureau comme avant.
Opinionway 2021
Voyons les différentes opinions et leurs raisons.
Celles et ceux qui ont hâte de retourner au bureau
Le retour du lien social
Beaucoup voient le retour au bureau comme quelque chose de positif. Après des mois isolés, les salariés ont envie de retrouver leurs collègues, les moments d’échanges. Cela afin de recréer du lien social mais aussi pour faciliter la communication au travail et donc être plus efficace.
La charge mentale trop lourde en télétravail
Travailler avec des enfants à la maison est souvent mission impossible. Au bureau, on peut se consacrer entièrement à son travail, alors que chez soi beaucoup d’impératifs peuvent s’imposer et épuiser les télétravailleurs.
Celles et ceux qui y vont à reculons
Cela dit, la majorité des télétravailleurs ne sont pas de cet avis. En effet, trois quarts des Français ne veulent pas revenir au bureau.
Les trajets qui font perdre du temps.
Beaucoup perçoivent le retour au bureau comme une perte de temps. La raison principale est le temps de trajet qui alourdit souvent de manière conséquente les emplois du temps.
La peur du regard des autres
Retrouver ses collègues peut être une réelle motivation pour retourner en présentiel, pourtant pour certains c’est une grande source d’angoisse. Si les relations sont conflictuelles, ou si l’on ne connait pas encore son équipe, cela peut s’avérer très stressant.
“Embauchée en septembre dernier, Marion s’est vite habituée au télétravail, et aujourd’hui elle est « angoissée » à l’idée de rencontrer ses collègues « en vrai » et « devoir prendre du temps à parler » des tracas du quotidien, de tout et de rien.”
Témoignage récolté par Les Echos
La productivité en baisse ?
Les interactions incessantes dans l’open space, les discussions à rallonge, le bruit ambiant qui empêche de se concentrer… Pour toutes ces raisons, beaucoup d’employés pensent être nettement moins productifs en présentiel et préfèrent travailler de chez eux.
Un changement de culture managériale
La mutation dans les habitudes de travail concerne aussi les managers. Les employés se sont habitués à une certaine autonomie. En effet, le télétravail oblige une confiance et des échanges plus qualitatifs entre les managers et l’équipe. Cette nouvelle confiance attribuée aux membres de l’équipe est très bénéfique pour créer un engagement fort et responsabiliser au quotidien.
Les manageurs contrôlant ont dû ainsi s’adapter et lâcher prise. L’angoisse des salariés ? De perdre cette autonomie !
Celles et ceux qui veulent le meilleur des deux mondes : le modèle hybride
C’est unanime, le télétravail a su apporter un certain confort dans la plupart des cas et une flexibilité intéressante. C’est pourquoi, les salariés sont attirés par un mode d’organisation de travail hybride.
Le travail hybride est un mixte de partage du temps de travail d’un collaborateur en mode télétravail et travail en présentiel au bureau. Ce qui permet de garder une cohésion d’équipe lors des jours en présentiel, et une productivité accrue lors des journées en télétravail.
Selon l’Observatoire Cetelem, « c’est un modèle hybride (2 ou 3 jours en distanciel et 3 ou 2 jours de présentiel) qui est l’option la plus plébiscitée par les actifs (48%), note Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem. Et encore davantage chez ceux qui ont pratiqué le télétravail pendant la crise sanitaire (58%). Ainsi, les Français souhaiteraient télétravailler en moyenne 2,3 jours par semaine, un chiffre qui monte à 2,6 chez les actifs qui ont télétravaillé pendant la crise sanitaire. Et ce souhait ne concerne pas que les actifs les plus jeunes : ceux âgés de 35 à 49 ans aimeraient également télétravailler environ 2,5 jours par semaine ».
Cadremploi 2021
Adopter ce modèle, rendra toujours l’entreprise plus attractive. C’est l’une des exigences des talents, qui n’hésiteront pas à aller voir ailleurs si ce n’est pas possible chez vous. Tous les grands groupes réfléchissent leurs modes de travail dans ce sens ces derniers mois : Microsoft promeut le travail hybride en interne, Axa adopte une stratégie de “smart working” avec 2 jours / semaine à distance.
Alors, comment mettre en place ce modèle hybride ?
L’aménagement des bureaux
Ce modèle hybride va demander de revoir l’aménagement des bureaux afin d’offrir de vrais moments de convivialité et d’échanges. Le retour au bureau peut être le moment de débattre sur certains sujets, de fêter des réussites ou encore d’être créatifs lors d’ateliers collectifs.
De plus, étant donné que l’ensemble de l’équipe sera rarement au complet, un aménagement intelligent des bureaux est nécessaire pour que l’open space ne soit pas vide ! Revenir au bureau pour travailler seul, ça n’a pas beaucoup d’intérêt.
Un matériel au point
Le matériel doit être compatible avec un travail sur site mais aussi chez soi. Des ordinateurs portables et fixes, des claviers portatifs, des souris…. Il faut repenser les outils des salariés pour qu’ils ne perdent pas en confort dans quelque schéma que ce soit.
Former les manager à gérer le mode de travail hybride
Comme on l’a vu plus haut, les managers ont généralement fait preuve de confiance envers leurs salariés. Les employés vont vouloir garder cette autonomie même de retour au bureau. Le challenge va donc de ne pas retomber dans les travers du contrôle à tout prix, dût à la proximité physique retrouvée.
Accompagner les managers à gérer ce mode de travail hybride peut être un vrai plus. Jongler entre les équipes présentiels et distanciels est une gymnastique compliquée. Ceux en distanciel peuvent être délaissés par exemple, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur les résultats et l’engagement collectif.